Dans le contexte de ce récit, lorsque nous parlons d’extravagance, nous parlons de quelque chose qui est hors du commun. Cette femme, Marie, a fait quelque chose d’extraordinaire.
Il s’avère qu’elle était la sœur de Lazare, et la voici qu’elle fait un cadeau au Seigneur, un don tellement grand, qu’il ne laisse personne indifférent. Pour certains, son cadeau est ce qu’on pourrait qualifier de borderline*, d’extravagant.
Certes, dans la vie il y a beaucoup de choses qui peuvent être extravagantes. Il y a quelque temps j’ai officié à un mariage qui a coûté environ 1 million d’euros. Les mariés avaient loué un château pendant plusieurs jours, fait venir une équipe d’environ 30 personnes pour une semaine, pour tout préparer, avaient importé des fleurs de Hollande qui, à elles seules, auraient coûté près de 200 000 euros, et des invités des quatre coins du monde, tous logés à l’hôtel. C’était féerique. C’était extravagant. Mais pour ce couple qui, évidemment, avait tous les moyens à disposition, rien n’était trop coûteux pour exprimer la joie de leur union.
Souvent, le mot extravagant a une dénotation négative. En effet, sa définition souligne « un caractère singulier, déraisonnable, qui dépasse exagérément la mesure, qui est excessif » (cf. Larousse). Toutefois, qui sommes-nous pour juger les actions des autres ? Souvent, c’est notre optique depuis laquelle nous observons les choses qui nous fait penser qu’elles peuvent être extravagantes. En effet, cette femme, Marie, vient et s’approche de Jésus « pendant qu’il se trouvait à table. Elle tenait un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus ». Ce qui causa de l’indignation chez quelques-uns, notamment en raison du prix élevé (nous pourrions dire extravagant) de parfum, qui aurait pu être vendu et dont le profit aurait pu être distribué aux pauvres. Et donc, ces hommes s’irritèrent contre cette femme.
Or, lorsque quelqu’un exprime son adoration, peut-on vraiment parler d’exagération ? Y a-t-il quelques remerciements, et actions de grâce qui soient trop excessifs lorsque l’on pense à l’amour illimité et inconditionnel de notre Dieu envers nous ? Quand nous pensons au fait que tout ce que nous possédons nous vient de lui ?
Peut-on vraiment parler d’exagération lorsqu’il s’agit de louer notre Seigneur ? Non. Aucune louange, aucune adoration ne peut être excessive lorsque l’on pense que c’est à notre Seigneur Jésus que nous offrons cette adoration. Aucune expression d’amour envers le Sauveur de nos âmes ne devrait être considérée comme trop grande, excessive, exagérée, voire démesurée. Et même si l’expression de notre louange était susceptible de causer l’indignation de quelques-uns, le Seigneur, Lui, connaît notre cœur et ne nous condamne pas. Bien au contraire. Il a pris la défense de cette femme :
« Pourquoi lui faites-vous de la peine? Elle a fait une bonne action à mon égard…Elle a fait ce qu’elle a pu…partout où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait. »
Voilà, c’est exactement ce que nous faisons. Nous parlons d’elle, car elle avait une louange extravagante, une louange tellement excessive aux yeux des religieux, que le Seigneur a dû prendre sa défense, et a prophétisé que l’on parlerait d’elle partout où la bonne nouvelle serait annoncée.
Ainsi, il est possible pour nous aussi d’exprimer notre amour pour le Seigneur avec une louange extravagante qui ne laissera pas les autres indifférents et que le Seigneur approuvera, et qui sait, peut-être parlera-t-on aussi de nous chaque fois que l’évangile est annoncé ?
Alors, comment avoir une louange extravagante ?
Remarquons ce que cette femme fit :
LE PRIX DE SA LOUANGE EXTRAVAGANTE
Elle a brisé son vase d’albâtre qui contenait un parfum très coûteux, le fruit d’une année entière de travail. Sa louange extravagante lui a coûté beaucoup. Je pense qu’elle a brisé le vase afin de s’assurer que plus une seule goûte de parfum ne restât dans le vase. En faisant de la sorte, elle donna tout ce qu’elle possédait au Seigneur. Et nous aussi, nous pouvons donner tout ce que nous sommes au Seigneur de la Vie, au Dieu de notre salut. Cette adoration est extravagante, car elle nécessite une mentalité de sacrifice, un style de vite d’abnégation, où il faut que je diminue et qu’il croisse.
Il y a une vieille histoire d’un couple, Léa et Charles. Ils étaient pauvres, mais ils s’aimaient profondément. Chacun possédait toutefois quelque chose de précieux. Les cheveux de Léa étaient son orgueil et sa joie. Lorsqu’ils pendaient le long de son épaule, c’était comme un manteau qui recouvrait son dos. Charles, lui possédait une montre en or que lui avait offerte son père. La veille de Noël, Léa n’avait que 1,50 fr pour acheter un cadeau pour son mari. Elle voulait lui offrir quelque chose qui lui aurait tant plu, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas obtenir grand-chose avec ces 1,50 fr. Ainsi, elle fit l’unique chose qu’elle pouvait faire. Elle vendit ses beaux cheveux et obtint 20 fr avec lesquels elle fut en mesure d’acheter une chaîne pour l’attacher à la précieuse horloge de son mari. Charles, lui, retourna à la maison après le travail et quand il vit la tête toute rasée de sa femme, il resta sans paroles. Lentement, Charles prit quelque chose de son sac. C’était son cadeau pour la femme de sa vie. Il lui tendit un petit paquet. Elle l’ouvrit et vit un assortiment de différents peignes fabriqués avec des carapaces de tortue. Il y en avait toute une série. Les bords étaient ornés avec des bijoux, le tout pour prendre soin des beaux cheveux de Léa. Il avait vendu son horloge en or pour acheter ces peignes pour Léa. Tous deux avaient donné ce qu’ils possédaient de plus précieux pour offrir un cadeau pour l’autre.
Ce qui, pour certains, est considéré comme extravagant et source d’indignation, était simplement de l’amour qu’un mari et une femme avaient l’un pour l’autre.
L’EXPRESSION DE SON ADORATION EXTRAVAGANTE
Elle s’inclina pour laver ses pieds. En agissant de la sorte, elle fit une grande déclaration d’abandon. Par ce geste d’amour désintéressé et d’adoration, Marie faisait une déclaration surprenante. Elle oint les pieds de Jésus. À cette époque, il n’y avait que quatre classes de personnes qui recevaient l’onction :
Les rois :
Les sacrificateurs :
Les prophètes :
Les morts :
En agissant ainsi, par son adoration extravagante, elle fit une déclaration prophétique et reconnaissait que Jésus était tout cela à la fois et allait mourir. Oh, que nous puissions adorer le Seigneur avec une telle force d’adoration, que notre proclamation devienne le témoignage manifeste de la royauté de notre Seigneur, de son sacerdoce éternel, de son ministère prophétique et de sa mort et résurrection.
LA MESURE DE SON ADORATION EXTRAVAGANTE
Marie apparaît trois fois au centre de la scène dans les évangiles. À chaque fois, elle se trouve aux pieds de Jésus. La première fois, on la voit à la maison. Marthe était en train de vaquer aux tâches ménagères pour bien accueillir ses invités.
La fois suivante, c’est à la tombe de Lazare que nous la retrouvons. Elle court vers Jésus et s’incline à ses pieds.
La dernière fois que nous la rencontrons, c’est ici, dans ce texte. Elle offre à Jésus une adoration extravagante. Elle est à ses pieds comme une personne qui aime de tout son cœur. Voyez-vous, tout le monde ce jour-là avait une bonne raison d’adorer le Seigneur de tout son cœur.
Simon le lépreux : on ne sait pas qui il est, mais pour pouvoir recevoir des gens chez lui, cela signifie qu’il n’était plus lépreux et qu’il devait probablement être guéri – lui, ou son père. Il devait avoir tant de raisons de louer le Seigneur. Mais au lieu d’adorer, il ne faisait que regarder.
Le même récit dans Jean dit que Marthe, Lazare, Judas et les disciples de Jésus étaient présents (voir Jean 12).
Marthe : elle avait vu son frère ressuscité, mais au lieu de louer le Seigneur, elle travaillait, elle aimait certainement beaucoup servir;
Les onze disciples : ils ont vu maintes fois le Seigneur Jésus opérer des miracles, mais eux aussi ne font qu’observer.
Judas : il était en présence du seul qui aurait pu le libérer de son péché, mais au lieu de louer il ne fit que se lamenter.
Et puis il y a Marie : elle a fait ce que tous les autres auraient dû faire. Au lieu d’entretenir tout le monde, Marie a pris l’initiative, et elle a adoré le Seigneur d’une adoration extraordinaire, une adoration extravagante.
Nous aussi, avançons près du Seigneur, adorons-le comme jamais auparavant. Avec un amour immense, répondons à son amour illimité et inconditionnel, et adorons-le avec une adoration extravagante. Peut-être que certains s’indigneront, mais de longue date, j’ai appris que ce qui comptait dans ma vie, ce n’est pas ce que les gens pensent de moi – c’est ce que mon Seigneur pense de moi. Et quand nous l’adorons avec une adoration extravagante, il ne pensera que de bonnes choses sur nous…et c’est cela qui compte.